« Un temps d’arrêt qui met en lumière la valeur et la force d’une saine solidarité masculine. On prend bien soin de son char, pourquoi ne pas prendre soin de soi ? »

De quoi ça parle :

La mécanique de l’âme nous parle de trois hommes, avec trois réalités différentes, qui essayent de discuter et de se confier sur leur quotidien et sur leur réalité.

« Trois gars, trois vies, trois parcours et une solide et longue amitié.  Avec beaucoup d’humour, autour de conversations du quotidien pas toujours anodines, ils soulèvent toutes sortes de questions. Rencontres de garage où ils osent jeter un regard sous le capot… celui où ils cachent parfois leurs peurs, leur fragilité, leurs préoccupations. »

Qui l’a produite :

Homme Québec est un organisme communautaire qui travaille auprès des hommes. Proposant à ses membres de s’engager dans une démarche de solidarité et d’expression de soi, tout cela pour et au travers d’un groupe de parole, en autonomie et sans intervenant.

L’organisme s’est associé avec le théâtre Parminou pour construire et mettre en scène cette production.

Avis :

Pour parler au mieux de cette pièce, il faut savoir qu’elle a été écrite après un atelier durant lequel des hommes se sont réunis pour discuter de leur quotidien et de leur réalité. L’auteur de la pièce, Francis Vachon, est reparti de cet atelier avec plein d’idées en tête et a créé la pièce d’après la parole des participants.

Ce qui transpire dans cette pièce, c’est l’humanité des personnages et leur caricature pointue mais exacte. Nous sommes en présence de trois hommes, entre 35 et 60 ans : un homme bourru qui se cache derrière son humour plutôt gras, un autre plus aisé, plus sérieux, un peu perdu mais qui ose montrer ses fêlures sans pour autant les assumer. Pour finir, nous avons cet homme plus réservé, plus en phase avec ce qu’il est, qui a réussi à s’émanciper des dictats de la société, grâce au groupe de paroles où il va.

Les trois amis sont réunis dans un garage pour faire réparer leur voiture, dans ce lieu emblématique de la masculinité. Ils viennent discuter et surtout essayer d’échanger sur leurs difficultés. Nous pouvons voir que la discussion a du mal à se faire, le rapport à l’émotionnel est compliqué pour ces hommes. Il s’échange des choses au départ anodines et légères, masquées sous une couche d’humour, sans pour autant partager ou se confier. Et c’est en ça que la pièce parle : elle nous montre des hommes pleins d’émotions, de ressentis, mais qui n’arrivent pas à les partager… La pièce est construite avec cette ambiguïté-là : elle nous montre ce que nous ne savons pas donner, même si cela n’est pas pour tous les personnages et que cela tend à évoluer.

Là où la pièce est forte c’est qu’elle parle à tout le monde, aux hommes comme aux femmes. Elle nous présente des hommes certes stéréotypés mais dans lesquels tout le monde peut se retrouver, ou retrouver un père, un frère, un cousin, un fils… Elle nous donne des directions à prendre et matière à réfléchir. Le ton se veut drôle et émouvant, sans pour autant s’apitoyer. Car ces hommes sont d’une grande humanité et d’une profondeur cachée derrière leur masque. Au détour d’une phrase, d’une scène on nous ouvre les portes de leur voix intérieure. Mais surtout, si nous allons au-delà de ce qui nous est donné à voir, quand les masque tombent, ou que notre soi se met à parler, on entend leurs peurs, leurs doutes et leur histoire. Grâce, entre autres, au texte, mais aussi à certain parti pris de mise en scène et à une scénographie minimaliste.

Pour finir, cette pièce permet une très belle promotion d’activités auprès des hommes. L’utilisation du média théâtral est fort, parle à tout le monde et est surtout peu conventionnel pour aborder ce genre de question. A la suite de cela je me suis tout de même demandé si un atelier théâtre pourrais intéresser les membres de CooPÈRE Rosemont ?

Crédit photo: Hommes Québec La mécanique du l’âme